Le 31 janvier 2004,



Claire,
Tu as cinquante ans aujourd hui. C’est un beau jour. Cela aurait pu être le jour de ta pension.
En effet, il y quelques années, tu nous disais : « A cinquante ans, je me pensionne. ».
Heureusement, tu as changé d’avis !

Tout d’abord, nous voudrions vous remercier tous, amis, famille, collègues, d’avoir répondu si nombreux à l’invitation ; nous voudrions également remercier Madame Marchal et Madame Donnéa, de la firme CAF-DCF, qui nous ont soutenus dans l’organisation de cette soirée.
Véronique Schmitz, Patricia Forget et moi-même voudrions vous faire connaître en tant que collègues de Claire des aspects insoupçonnés de sa riche personnalité. En voici quelques éléments :

Claire, Clarté
Un prénom qui te sied à merveille.
Tu as la voix claire, lorsque tu fais une conférence.
Tu as les idées claires pour faire le compte rendu d’un congrès, d’un article, d’un texte, d’une idée, en un tour de main.
Tout parait limpide et évident.
Ta vivacité d’esprit et ta capacité de synthèse sont toujours intactes, malgré les années.
Tu es même souvent claire-voyante. Notamment pour les études scientifiques randomisées.
Tu nous prédis les résultats de l’étude avant qu’elle ne soit terminée, et tu te trompes rarement. Nous on se demande pourquoi on fait encore ces études. C’est ce qu’on appelle les études « en double aveugle ».
Tu as les gestes clairs, que se soit pour faire des ponctions lombaires ou ponctions médullaires, pour jouer de la harpe, de la flûte, du piano, ou tricoter des pulls pour Justine et Simon.

Ouragan.
Lorsque à 8h30 du matin, tu entres dans le bureau, en nous disant « J’ai eu une idée ce matin en nageant dans la piscine de Huy », nous savons que la journée va être décoiffante et que tout le monde va devoir s’accrocher au passage de l’ouragan . Et croyez moi, en 16 ans de travail en commun, j’en ai vu naître des ouragans dans la piscine de Huy. Comme tous les ouragans, ils ont chacun leur prénom.
En 1984, il y a l’ouragan « Sainte-Justine » à Montréal dont le souvenir était encore vivace en 1989.
Tu as fait ta formation en hémato-oncologie avec les Docteurs Jocelyn Demers, Georges Etienne Rivard et Paul Benoit. Ton passage a marqué les québécois, car tu as démontré et publié que les enfants leucémiques québécois guérissaient mieux s’ils prenaient leur purinéthol le soir plutôt que le matin avec leurs céréales. Déjà, tu t’attaquais à un dogme en remettant en question les conventions dont tu n’as cure.
1986, l’année des trois ouragans : l’ouragan « Secteur d’hémato-onclogie pédiatrique », que tu as débuté salle 3D au CHU dans le service du Professeur Geubelle, qui m’a prié de l’excuser ce soir, car il garde ses petits enfants. Même année, l’ouragan « Doctorat » dont mon seul souvenir marquant est une réaction anaphylactique (heureusement que tu avais passé ton protocole au comité d’éthique). Et, enfin, la même année, l’ouragan « ASBL AEC » que tu as mise sur pied avec Monsieur Kalifenseff, Marie-Rose Haas et Françoise Claisse.
Ensuite, cinq années de calme climatique.
En 1991, ouragan « Chamboulement ». Tu rejoins sur l’autre colline, le Docteur Chantraine, notre mentor à toutes et sa brillante équipe de pédiatres, dont Ornella Guidi, responsable de la salle 57. En même temps naît l’ouragan « Service de pédiatrie du centre hospitalier hutois », sous la houlette du Docteur Jean Bury, que tu as dirigé plusieurs années et que tu affectionnes toujours (je parle du service bien sûr).
1995 : ouragan « Salle 50 » appelé aussi « Hôpital de jour pédiatrique », que tu as mis sur pied avec Rita Janssen après un passage salle 29, et qui est la pierre angulaire du secteur d’ hémato-oncologie pédiatrique, grâce au travail accompli par toute l’équipe.
1998 : ouragan « Service de soins à domicile pédiatriques de la Citadelle », avec la collaboration de Françoise Delacolette.
2000 : ouragan « Chambre plombée », pour soigner à la Citadelle les enfants avec neuroblastomes qui auparavant devaient aller se faire soigner à Amsterdam. Seul site francophone en Belgique.
2003 : ouragan « Site Internet » : création d’un site Internet pour le service d’oncologie pédiatrique de la Citadelle. C’est à cette occasion que tu as découvert les joies du dialogue animé avec l’ordinateur qui n’obéit pas toujours à tes injonctions, mais dont tu ne peux plus te passer.

Enfin, terminons par tes Coups de cœur, cœur que tu as très grand d’ailleurs,
que se soit pour :
- défendre la cause des enfants du Kosovo.
- sauver la vie d’un enfant en faisant venir un médicament en 36 heures des Etats-Unis, alors que le délai habituel est de 15 jours,
- organiser un voyage à Paris afin d’accomplir le rêve d’un enfant en réalisant son souhait le plus cher,
- accueillir à bras ouvert une famille Camerounaise,
- accompagner ton amie Raymonde
- soigner tous les enfants et leur famille avec ton cœur de médecin
- défendre et promouvoir la qualité du service d’hémato-oncologie pédiatrique de la Citadelle.

Et comme tu nous le dit parfois dans les moments difficiles : notre réussite se mesure non seulement par la guérison physique d’un enfant, mais aussi par le maintien de sa qualité de vie et son bien -être psychique. Tu n’es d’ailleurs jamais aussi heureuse que lorsque tu apprends une naissance chez une de tes anciennes patientes.

Au nom de tous tes pairs, je voudrais te remercier pour ton enthousiasme stimulant, ton dynamisme de chef d’entreprise, ton indépendance intellectuelle garante d’une médecine de qualité, ta sensibilité parfois cachée et ton amitié.

Marie-Françoise